La bohème de Saint-Pétersbourg, fatiguée de ses errances et de son désœuvrement, a trouvé un havre de paix au milieu de personnes partageant les mêmes idées, ses nouveaux frères et sœurs, sous les voûtes de la cave du Chien Errant.
Le Chien Errant était animé par les mêmes principes que La Chauve-Souris : ici, on créait devant les siens et pour les siens. Akhmatova, Maïakovski, Goumilev, Mandelstam et d'autres personnalités de l'Age d'argent étaient des habitués de ce cabaret littéraire et artistique.
Dans l'Empire russe, au tournant des XIXe et XXe siècles, la bohème théâtrale et littéraire rêvait aussi de créer un espace « pour les siens », pour des expériences artistiques et l'expression de soi sans avoir à se soucier des critiques. Ainsi sont nés les premiers cabarets russes.
La Chauve-Souris est devenu le premier refuge de la bohème russe, un club fermé d'acteurs moscovites. Le rideau baissé dans les théâtres où ils étaient employés, les acteurs se précipitaient à La Chauve-Souris pour la deuxième partie du spectacle. Ici, la rémunération des acteurs était la liberté : celle de danser le cancan sans retenue, de mettre en scène des pièces ratées et de mauvais goût, de permettre aux acteurs de tous âges, de tous rôles et de toutes catégories de faire les pitres, d'expérimenter sans craindre les critiques et la censure de l'État.
La Rose Noire est un cabaret russe en exil, qui a ouvert ses portes à Constantinople en 1920. Il a été créé par un riche Turc spécialement pour accueillir les spectacles d'Alexandre Vertinski.
La Rose Noire n'est plus un club fermé pour les représentants de la bohème, elle attire un public varié, envoûté par les intonations de Vertinski. Il y chante essentiellement des chansons tziganes, et non pas ses romances, que les étrangers ne comprennent pas en raison de leur méconnaissance du russe.
Dans la foule, de nombreux émigrés russes, qui tapent et claquent au rythme des airs tziganes. Pour eux, La Rose Noire est un songe, envoûtant mais douloureux, du monde révolu qu'ils ont laissé derrière eux, de l'autre côté de la mer Noire.
L'un des premiers cabarets artistiques de Montmartre et le centre de la vie urbaine de la Belle Epoque.
Le Chat noir inaugure à Paris un nouveau format de divertissement. La gastronomie et le vin sont associés à un programme éclectique : chansonniers, satire, sketches comiques et même un spectacle de variétés avec un piano interdit (!) à l'époque. Paris accepte l'offre et tombe amoureux du cabaret qui ignore les frontières sociales et artistiques.
D'ailleurs, Erik Satie y jouera du piano et autour des tables, il sera écouté par Maupassant, Verlaine, Toulouse-Lautrec ; Pablo Picasso y pleurera la fermeture du cabaret. En guise d'héritage, le Chat noir a légué une affiche avec un chat noir, qui nous observe encore depuis les vitrines des magasins de souvenirs de Paris.
Le moulin à vent rouge sur le toit du Moulin-Rouge est aussi connu que la Tour Eiffel.
Grâce à ses propriétaires, l'établissement à la réputation douteuse est devenu un symbole de Paris et l'alma mater de tous les cabarets du monde. Au Moulin-Rouge, l'excentricité est devenue la norme : les invités se promènent à dos d'âne, les danseuses lèvent les jambes dans un cancan endiablé, les visiteurs s'entassent dans la galerie où il est de bon ton de proférer des jurons. La folie quotidienne de ce cabaret a été décrite par Toulouse-Lautrec dans ses peintures caustiques, remplies de douleur et de compassion, ainsi que dans ses affiches novatrices.